Family Group Sheet


Name Dominique CASALONGA
Misc. Notes
Dominique CASALONGA, sa femme, et leur fille Juliette, sont à identifier ; ainsi que leurs filiations respectives

Ils furent victimes, en février 1926, d’une extorsion de signature du maire d’Alata GIOVANNAÏ, avec la complicité active de Nonce ROMANETTI et de ses hommes.

Voici le témoignage de Dominique CASALONGA, et sa version des faits :

- Source : Article in le Journal du jeudi 2 septembre 1926 (BnF-Gallica : fichier N7624724_PDF_1_-1DM.pdf)

La dernière incarnation de Romanetti
Le bandit, sa troupe et ses armes au service d’un maire de village
par GEO LONDON.

Ajaccio 1er septembre (1926)

Pour avoir, comme plusieurs hommes politiques corses, et non des moindres, fait servir à ses desseins la puissance redoutable du bandit Romanetti, M. Giovannaï, maire d’Alata, connait, depuis un mois, les rigueurs de cette prison d’Ajaccio devant laquelle Romanetti s’offrait la coquetterie de passer si souvent, fier et souriant, au nez et à la barbe des gendarmes.
Les lecteurs du Journal savent quelle ténébreuse aventure mis en jeu l’honneur de ce magistrat municipal : M. Giovannaï est accusé d’avoir, avec l’aide de Romanetti et de ses hommes, arraché par la force l’acte de vente d’une maison appartenant à l’un de ses concitoyens, M. Casalonga. Ce coup de main, exécuté au mois de février, devait à la vérité, constituer la dernière incarnation de Romanetti, qui, deux mois plus tard, allait être tué au golfe de Lava (le 25 avril 1926).

L’attaque dans la nuit

On pensait, jusqu’à ces temps derniers, que le maire d’Alata et l’un des guides de Romanetti, arrêté en même temps que lui, seraient traduits devant le tribunal correctionnel. L’affaire a soudain évolué : la liberté provisoire, escomptée par M. Giovannaï, lui a été refusée et l’on apprend que c’est le jury de Bastia, qui, au cours de la prochaine cession, aura à juger l’ultime page de la vie de RomanettI. C’est assez dire que la seule perspective de ce procès soulève, dans toute l’île, des commentaires passionnants.
A Ajaccio, sur la place du Diamant, qui, le soir venu, se transforme en potinière, mais en potinière plus friande de propos politiques que de chiffons et de mondanités, j’ai rencontré M. Casalonga la victime de l’aventure d’Alata.
Il était descendu à âne de son village, pour faire visite à ses parents, il s’était fait beau comme il sied à un homme qui possède quelque bien au soleil. Hélas ! l’axiome populaire :  il faut souffrir pour être beau est l’évidence même. Il suffisait pour s’en convaincre de voir le pauvre M. Casalonga suer à grosses gouttes à cause de son costume de drap épais et de son haut faux col en celluloïd.
Mais l’aspect un peu comique de mon interlocuteur fut vite oublié dès qu’il parla. M. Casalonga, qui n’a pas du user beaucoup de fonds de culotte sur les bancs de l’école primaire d’Alata, possède, comme bien des paysans corses, un remarquable don d’observation et de narration. Son récit allait être d’un pathétique singulièrement puissant :
Monsieur, me dit-il, je n’aurais jamais pu croire que de telles choses se passeraient encore de nos jours. Nous dormions bien tranquillement, ma femme, moi, et Juliette, une petite fille que nous avons recueillie de l’Assistance publique et que nous avons adoptée parce que ça nous faisait trop de peine de ne pas avoir de gosses. Juliette, qui a onze ans, était notre enfant, avant la terrible chose, puisqu’elle porte notre nom. Mais depuis elle l’est devenue deux fois car nous l’aimons doublement, tant elle s’est montrée bonne et courageuse, comme vous le verrez. Ah ! cette nuit-là, si j’ai su ce que pouvais être la cruauté des hommes, j’ai su aussi ce qu’était la tendresse d’un enfant !
Il essuie une larme, murmure Bah ! et reprend le fil de son récit.
Trois violents coups frappés dans la porte me réveillent soudain. Je descends ; ma femme me suit.
Qui est là ? dis-je. Une voix me répond : Nous sommes des étrangers, nous avons soif. J’avoue que cela me parut louche et que j’eus bien envie d’aller me recoucher. Mais ma femme me dit Tu entends comme il pleut ; on ne peu pas laisser ces pauvres gens dehors. J’ouvre et j’aperçois trois cavaliers, fusils en bandoulière…
Salute qu’ils me disent. Ils s’asseyent, s’étirent. Quand tout à coup il se produit une chose extraordinaire. Du premier étage de ma maison, je vis descendre le maire du village, M. Giovannai. Il avait du escalader par derrière, pensant bien que le voyant arriver par la porte avec les autres, lui, mon ennemi qui m’avait fait tant de misères, je ne l’aurais pas reçu.
Il s’avançait, portant dans ses mains deux encriers et un porte plume. Avec un mauvais sourire, il me dit : Je viens pour signer notre petite affaire. Il faut me revendre la maison que vous avez achetée dernièrement. Je vous en offre 2.000 francs. Du coup, je compris de quoi il retournait. Je répondis : J’ai refusé de vous vendre la maison : Il n’y a pas de loi qui puisse m’obliger à la vendre. - La loi, répond le maire, c’est moi qui la fait cette nuit. Vous allez le voir. Là-dessus, voilà qu’un des trois hommes, un petit gros, avec une forte moustache, me plaça un revolver sur la tempe, en disant : Signe et, après, on boira un coup ! Cet homme, je sus bientôt que c’était Romanetti, car le maire d’Alata l’appela par son prénom : Nonce.
Je réponds : Tuez-moi, mais je ne signerai pas !  Tout cela faisait assez de bruit pour réveiller la petite Juliette. Elle descend en chemise et s’avance vers Romanetti : Faites-pas de mal à papa, qu’elle lui crie. Romanetti lui dit doucement : Ma petite fille, tu n’as rien à faire ici, monte te recoucher. Juliette feignit d’obéir, mais elle se blottit au haut de l’escalier, et là, retenant ses sanglots, elle assista à tout. Elle a fait, à l’instruction, une déposition qui a beaucoup impressionné le juge, qui avait, d’autre part, recueilli les témoignages des voisins. Ceux-ci ont vu arriver les trois hommes et en ont aperçu un quatrième qui resta à faire le guet. Ce qui se passa ensuite, vous le devinez. Ma femme m’adjura de signer. Elle signa elle-même. Romanetti m’annonça que je toucherais l’argent dans quelque temps, lorsqu’on serait sûr que je ne porterais pas plainte.

Adieu tragique

Le lendemain et les jours suivants, je réfléchissais sur la décision à prendre. C’était grave. Il pouvait y aller de la vie des miens. Enfin, au bout de quelque temps, je pris une première résolution. Je partis pour Ajaccio. J’allais chez le notaire régler mes affaires. Je dis à ma femme :
Désormais, vois-tu, il ne faut plus compter sur moi. La mort me guette dans la lutte que je vais entreprendre pour faire réparer le tort qui nous a été causé. Adieu !
Il faut vous dire, monsieur, qu’à ce moment là je me demandais si je ne devais pas me faire justice moi-même et puis prendre le maquis… On a de ces idées !…
Quelques jours plus tard, à la nuit tombante, un cavalier se présenta chez moi. Je reconnais en lui (jules Leca) un des deux compagnons de Romanetti.
Voilà, me dit-il, vos deux mille francs que Romanetti vous envoie. Signez ce reçu.
Je réponds :
Vous avez eu une fois ma signature ; vous ne l’aurez pas deux fois. Gardez vos deux mille francs.
Quelque temps plus tard, sur le conseil d’une haute personnalité d’Ajaccio, j’ai porté plainte, et M. Giovannaï le maire a été arrêté.
Maintenant, j’attends de savoir si la justice tout court défera, ce qu’a fait la justice de Romanetti.
Geo London

- Source : Article in Le Petit Parisien du 25 juillet 1926 (BnF-Gallica : fichier N0606552_PDF_1_-1EM.pdf)

Ajaccio 24 juillet 1926 (dép. Petit Parisien)

Un maire arrêté pour extorsion de signature à la terrasse du café Napoléon, en Ajaccio.
Spouse Na NN
Children
1 F Juliette CASALONGA (Adopted)
Birth ca 1915
Last Modified 30 Mar 2017 Created 11 Dec 2022 using Reunion for Macintosh

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