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Misc. Notes | ||||||||||||||||||
<<...En 1831, Antonio s’enrôla, à l’âge de dix-neuf ans, dans le 37e régiment de ligne. Il se trouva dans la Compagnie du capitaine Ponte d’Ajaccio. M. le payeur le recommanda à cet officier. Après dix ou onze mois de service, Barigliolo passa, sur sa demande, caporal en Afrique, dans la légion étrangère. Un an après, il entra avec le même grade dans une compagnie de discipline à Alger, où il avait la paie de sergent. A la faveur de la protection de M. le payeur, Barigliolo espérait un avancement rapide ; mais il servait depuis deux ans, et il n’était que caporal ; il se plaignit amèrement à son père de l’oubli dans lequel le laissait, d’après lui, M. Pozzo di Borgo ; il alla supposer que, loin de le protéger, il l’avait desservi auprès de ses chefs, et il osa lui écrire une lettre conçue dans les termes les plus menaçants. Ce jeune homme tenait au service une mauvaise conduite ; il fut cassé et renvoyé comme simple soldat dans un régiment à Oran. Là, il tomba malade et obtint son congé de réforme. Il rentra en Alata en 1834, avec une aversion décidée pour le travail et un inépuisable fonds d’amour-propre. A peine arrivé, il adressa une pétition à M. le Préfet de Corse, afin qu’il approuvât la décision du Conseil Municipal qui avait alloué une somme de 400 francs pour achever la route d’Alata, et avait chargé de ce travail Alphonse Giovannaï et Nicolas Torresi, proches parents de Barigliolo. Cet écrit renfermait les attaques les plus violentes contre M. le payeur, sous prétexte qu’il aurait cherché à faire donner la préférence à d’autres...>> Antonio voulu aussi être greffier de la justice de paix de Sari, mais il ne pu rien obtenir. <<...Exaspéré à cette nouvelle, il s’écrie que le payeur mérite la mort. Son père fait entendre des menaces non moins terribles...Dès ce moment, tous les deux cessent de voir et de saluer M. Pozzo di Borgo. Cependant le sieur Dominique Pozzo di Borgo, médecin en Alata, qui exerçait quelque influence sur l’esprit de Poveruomo, travailla à la rapprocher, et il leur ménagea une entrevue.. M. le payeur finit par dire à Barigliolo qu’il tâcherait de le faire nommer piqueur sur la grand’ route d’Ajaccio à Bastia...>> Cette tentative échoua, comme échoua celle d’un emploi de surveillant des canaux qui amènent l’eau dans la ville d’Ajaccio, puis également celle de sergent dans le bataillon des voltigeurs corses. A défaut, <<...M. Pozzo di Borgo aurait consenti à appuyer sa demande (pour une place quelconque dans les voltigeurs corses) à condition qu’il résiderait à Pruno, où était sa maison de campagne. Cette proposition irrite de plus en plus Barigliolo “ Je le vois maintenant, disait-il, M. le payeur veut se débarrasser de moi et me faire périr par la main des bandits. “ Il faut savoir que l’air, à Pruno, est malsain, et qu’alors, c’est à dire, en 1836, une bande terrible de malfaiteurs infestait les environs de cette localité. Mais une circonstance vint mettre le comble à sa colère. M. le payeur fit placer dans les voltigeurs corses un certain Charles Casalonga, d’Alata, qui était parti pour l’armée en 1831, en même temps que Barigliolo ; et était de retour dans ses foyers. cette préférence pour un homme qu’il regardait comme au-dessous de lui, et qui avait à ses yeux bien moins de titres à la protection du payeur, transperça son coeur envieux et déjà gros de vengeance. Il résulte de la procédure que, dès ce jour, il arrêta définitivement le projet de tuer M. Pozzo di Borgo. Son père n’était pas dans des dispositions moins hostiles. Une fois, devant le curé et d’autres habitants d’Alata, il tint le propos suivant au sujet du pardon des injures : “ Quand un homme promet une chose et ne reste pas fidèle à sa parole, lorsqu’il promet encore, sans jamais tenir sa promesse, un pareil homme mérite la mort “... Le 22 décembre 1836, M. Pozzo di Borgo part pour la capitale...son retour de Paris eut lieu en février 1837....Le médecin Dominique Pozzo di Borgo qui tremblait pour la vie du payeur, cherchait tous les moyens d’apaiser les Casalonga...et il réussit une seconde fois à les rapprocher du payeur. La réconciliation parue sincère ; mais M. Pozzo di Borgo devait employer toute la puissance de son crédit pour faire nommer Barigliolo officier en Espagne, dans l’armée de Don Carlos, et lui donner 500 francs pour les frais de voyage. Barigliolo comptait fermement sur cet emploi.... En février 1838, il alla voir avec son père le payeur, pour connaître le résultat définitif de ses démarches. M. Pozzo di Borgo leur avoua que, jusqu’ici, ses efforts avaient été tous infructueux... Ils se persuadèrent que le payeur s’était constamment joué d’eux, et ne leur avait jamais rien promis de sérieux. A leurs yeux, M. Pozzo di Borgo avait comblé la mesure de ses torts, il fallait que son sang coulât, il n’y avait que sa mort qui pût satisfaire l’amour-propre humilié de ces hommes implacables... Trois jours avant l’assassinat, Barigliolo va chez M. Pozzo di Borgo, qui lui donne quarante francs. Le fils de Poveruomo ne voulait pas seul commettre le crime ; il lui fallait un compagnon pour mieux assouvir sa vengeance et le suivre dans les mâquis et la solitude des bois. Son cousin-germain, Alphonse Giovannaï, jeune homme de vingt-trois ans, sur lequel il exerçait un grand empire, se réunit à lui... ...Le 25 mai, jour de vendredi, M. le payeur était allé à sa maison de campagne du Pruno... Dans la matinée du 26 mai 1838, ils se rendirent tous les deux en Ajaccio ; ils en repartirent vers midi pour Alata, dans la même attitude, c’est à dire désarmés. Arrivés au lieu dit Sualello, à moitié chemin, ils font une halte. On les voit se promener là pendant plus de trois heures ; ils n’ont aucune arme apparente ; leurs fusils se trouvaient cachés dans des bruyères, à côté du chemin ; un berger les a aperçus s’élancer dans cet endroit et saisir leurs fusils au moment où est apparue la voiture de M. le payeur... ...Vers les quatre heures et demi du soir, il (le payeur) monte en voiture pour retourner en Ajaccio, ayant un maçon derrière la calèche, un peintre, et le cochet sur le devant, et son homme d’affaires dans l’intérieur, avec lui. Arrivés à Sualello, à une partie de la route qui forme une espèce de coude, ils voient apparaître, à gauche en descendant, à vingt pas de distance, sur un petit tertre qui borde le chemin, deux individus armés de fusils doubles, qui crient au cocher “ Arrête la voiture ! “ Ils demandent à parler au payeur. A la vue de Barigliolo, qu’il connait particulièrement, et à qui il a donné de l’argent depuis peu de jours, M. Pozzo di Borgo se rassure ; il descend de voiture. Barigliolo l’engage d’un air tranquille, à monter sur l’élévation où il se trouve. “ Tu sais bien que je ne le puis “ répond le payeur. Il avait, en effet, reçu à l’armée une blessure qui lui avait ôté le libre mouvement de ses jambes. A ces mots, Barigliolo lui tire, à brûle-pourpoint, un coup qui rate. “ Ah ! l’assassin ! “ s’écrie le payeur, en faisant cinq pas en arrière. Aussitôt Barigliolo fait feu avec le second canon de son arme et blesse sa victime. Alphonse Giovannaï, qui était resté immobile à sa place, décharge, à douze pas de distance, presque en même temps, les deux canons de son arme, et traverse le corps de part en part. Le crime est consommé, les deux assassins se retirent froidement, sans proférer aucune parole, en rechargeant leurs armes... Pendant longtemps, les alatais ont appelé “Leccia di u Pagadore”, le gros chêne derrière lequel s’étaient postés les assassins de Paul-Félix. Ce bel arbre a aujourd’hui disparu, victime de la rectification d’un virage de la route menant au Col de Pruno. Mais les plus anciens habitants du village continuent de nommer ainsi le lieu.119 M. le payeur, qui survécut six heures à ses blessures, avait désigné d’abord, dans le trouble de ses sens, Charles-Antoine Pompéani comme le compagnon de Barigliolo, mais ensuite il a déclaré lui-même avant de mourir, qu’il s’était trompé, et que l’autre était Alphonse Giovannaï.... Que ses hommes aient eu des complices, c’est un fait indubitable... Il est inutile de dire que Poveruomo a coopéré de la manière la plus active à l’assassinat commis par son fils et Alphonse Giovannaï... Quant à Nicolas Torresi, cousin-germain de Barigliolo, il paraît certain qu’il était, non seulement initié dans l’horrible complot, mais qu’il a incité à commettre l’attentat....Dans les jours qui ont précédé le crime, Torresi ne quittait pas Pompéani et Poveruomo ; ils se parlaient toujours en secret, ils tenaient des conciliabules... Après l’assassinat, il est allé, avec Poveruomo et Pompéani chez Jean Toussaint Giovannaï, leur parent commun, et là, tous les trois ont fait l’éloge des meurtriers, et avoué qu’eux-mêmes depuis longtemps avaient résolu de tuer le payeur.396 pages 150 à 165. Voir aussi240 pages 299, 300 et 241 pages 293, 294 - In Le Censeur, journal de Lyon n° 1396 du 26 mai 1839757, un article décrit la façon dont les deux assassins du trésorier payeur ont été localisés et abattus : Le 8* de ce mois (mai 1839), le capitaine Tramoni, commandant la 4e compagnie des voltigeurs corses, fut informé que les deux assassins de M. Pozzo di Borgo, escortés de trois autres individus, se trouvaient aux environs de la Bastelicaccia, bourg à trois lieues d'Ajaccio (Corse), dans un fourré de makis appelé la Colombrina. Il partit aussitôt, à la tête de quelques hommes, et se mis en embuscade sur les points où il supposait que les assassins devaient se montrer. Il garda cette position toute la nuit ; mais, à la pointe du jour, il se décida à pénétrer dans le plus épais des makis. A peine les hommes du petit détachement avaient-ils fait quelques pas, qu'ils aperçurent les deux bandits, et s'élancèrent intrépidement sur eux et leurs trois compagnons armés. Ceux-ci commencèrent aussitôt le feu, et le voltigeur Ortoli, de Sartène, tomba percé de trois balles. Du côté des bandits, le nommé Binielli**, leur guide, fut aussitôt tué dans ce premier engagement. Ils continuèrent longtemps le feu, tout en cherchant à s'enfoncer de plus en plus dans le bois, et peut-être seraient-ils parvenus à échapper au feu des voltigeurs qui les avaient si bravement attaqués, si un renfort de gendarmerie et de troupe de ligne n'était fort à propos arrivé d'Ajaccio. Pompiani***, un des deux meurtriers, de M. Pozzo di Borgo, fut abattu par le voltigeur Lanfranchi ; mais Casalonga, son compagnon, put se défendre plus longtemps. Il tomba enfin percé de 7 balles. Un voltigeur fut blessé par lui en expirant. On s'empara alors facilement des deux individus qui restaient, et qui ne s'étaient pas battus avec autant d'acharnement que leurs compagnons. Un d'eux était grivement blessé. On suppose que ce sont des contumaces. * le quantième du mois est erroné !? ** Benielli *** Pompéani. Il s’agit à l’évidence d’une erreur sur l’identité du second meurtrier qui était en réalité Alphonse Giovannaï (1812-1839). | ||||||||||||||||||
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